Mode: Griffé la revue de l'étiquette, qui va vous faire découvrir et aimer le vintage

Mode: Griffé la revue de l'étiquette, qui va vous faire découvrir et aimer le vintage


 Griffé la revue de l'étiquette, qui va vous faire découvrir et aimer le vintage d'une nouvelle manière. Un indispensable pour les fans du chinage et de l'histoire de la mode.

Présentez-vous en quelques mots, votre métier pour en apprendre un peu plus sur vous

Julien a une formation d'antiquaire et possède un showroom de vêtements vintage des années 1950 aux années 1990, où il revend à la fois aux particuliers mais également aux stylistes de diverses marques de mode pour nourrir leurs inspirations. Il a également créé le podcast Le Fil dans lequel il donne la parole aux personnes qui ont travaillé dans l'ombre des maisons de couture. 


Pour ma part j'ai une formation d'historienne de l'art et je suis spécialisée en histoire et conservation du vêtement. Je travaille comme consultante auprès de diverses maisons de luxe pour la conservation et la valorisation de leur patrimoine. L'idée c'est de faire le lien entre le passé et le présent de la maison, de reconstituer une archive de toute la production de la maison pour servir à la fois en interne mais également pour diffuser l'histoire de la maison au public le plus large. 


D'où vous est venue l'idée de créer GRIFFÉ la revue de l'étiquette ? 

L'étiquette est un support de datation et d'authentification, auquel nous avons recours tous les deux dans nos métiers respectifs. L'idée était au départ de créer un répertoire de l'évolution des griffes des plus grandes maisons de mode, pour servir d'outil et faciliter le travail des professionnels du milieu des archives et du vintage. Avec le format revue on a conservé cette idée de répertoire avec des frises chronologiques, mais nous sommes aussi allés plus loin en proposant également diverses enquêtes prenant l'étiquette comme un point de départ, pour raconter les histoires qui se cachent derrière nos vêtements. 


Combien de temps vous a fallu pour analyser, trouver et comprendre les étiquettes pour la première édition par exemple?

Beaucoup de temps ! Pour Margiela par exemple, mis bout à bout nous avons certainement passé près de trois semaines dans les archives à passer au peigne fin des milliers de vêtements de collection. Mais au-delà de collecter les étiquettes, pour les comprendre il nous a aussi fallu plusieurs heures de recherche, de lectures, de visionnage de documentaires, d'interview avec d'anciens collaborateur.trice.s, etc. D'où la parution un fois par an de Griffé: c'est une recherche sur le temps long. 

 Est-ce que vous allez analyser les étiquettes de créateurs moins renommés dans les prochaines revues ? 

L'idée c'est en effet de couvrir les divers aspects de l'industrie de la mode et du vêtements. Déjà dans le premier numéro, aux côtés de Maison Margiela nous traitons l'histoire des collaborations du catalogue La Redoute, soit du prêt-à-porter de grande diffusion. Nous souhaitons également ouvrir l'horizon de nos lecteurs sur des couturier.ère.s et créateur.trice.s d'autres régions du monde pour sortir d'une histoire de la mode parfois très parisiano-centrée. 

Nous avons donc une rubrique dans laquelle nous présentons 5 couturier.ère.s à travers les collections d'une institution étrangère. Dans le premier numéro nous avons collaboré avec la Fundacion Antoni de Montpalau dédiée à la mode Catalane. 

Enfin nous avons une dernière rubrique qui met à l'honneur le travail d'un.e designer qui ne crée plus aujourd'hui et dont le travail risque de tomber dans l'oubli du grand public: dans le premier numéro nous abordons l'histoire des créations de prêt-à-porter de Chantal Thomass qui est aujourd'hui uniquement reconnue pour sa lingerie alors qu'elle a fait partie d'un mouvement qui a révolutionné la mode dans les années 70. 

Sans votre expertise d'historienne de formation et d'expert en mode vintage, pour Julien, la réalisation de la première revue sur Margiela, aurait pris plus de temps et de travail?

A vrai dire, elle aurait potentiellement pris moins de temps au contraire. Je pense que c'est notre curiosité,  notre œil et notre esprit critique qui nous ont poussés à vouloir remettre en question certaines informations qui ont été prises comme établies et qui, lorsqu'on prend le temps de mener des recherches, s'avèrent soit fausses soit plus complexes que ce qu'on pensait. C'est ce travail de déconstruction, la volonté de raconter une histoire alternative qui nous ont demandé autant de temps. C'est parce qu'on s'est posé la question des informations qui se trouvent sur les étiquettes de composition Margiela des années 90, qu'on a découvert ces usines italiennes fondées par des femmes, de mère en fille, et qui produisent les collections des plus grandes maisons de prêt-à-porter de luxe. 


Quelles étaient les premières étapes de la recherche, de la mise en place du processus de création ? 

La première étape a été de contacter les départements d'archive des maisons qui nous intéressaient pour pouvoir venir y faire la collecte des griffes. C'est par la collecte des griffes que nous avons pu ouvrir sur l'histoire de manière plus globale. Notre façon de travailler fait appel à la méthodologie de ce qu'on appelle la culture matérielle, c'est une grande tendance dans le milieu de l'histoire de la mode en ce moment, il s'agit de partir de l'observation d'un objet pour ouvrir sur une histoire plus globale. C'est une façon de découvrir de nouveaux récits, de faire aussi confiance à son instinct. 

Pensez-vous rester seulement au format écrit, ou peut-être réaliser plus tard des vidéos ou un podcast pour nous montrer les coulisses? 

Nous tenons beaucoup au format écrit, au fait de produire un objet, un bel objet, que nos lecteurs peuvent conserver et consulter quand ils en ont besoin, notamment pour ce qui est des frises chronologiques. Mais nous sommes tous les deux aussi très actifs sur nos deux comptes Instagram sur lesquels nous partageons beaucoup sur les coulisses de Griffé, tant sur la partie conception que sur la partie recherche. Nous avons également mis en ligne certaines interviews que nous avons menées auprès d'ancien.ne.s collaborateur.trice.s Margiela notamment une avec Kristina de Coninck, l'ancienne mannequin phare de la maison à ses débuts. Ils sont accessibles via la chaîne de podcast de Julien Le Fil. 


Pour vos recherches, avez-vous eu de l'aide de la maison de couture en question, des archives par exemple ? 

Oui, nous avons travaillé main dans la main avec les personnes en charge du patrimoine de la Maison Margiela, nous avons échangé nos connaissances et nos diverses découvertes. Nous leur en sommes très reconnaissants, car c'est grâce à elle et à leur accueil que nous avons pu réaliser une recherche de qualité et prendre le temps de mettre en place notre méthodologie pour le premier numéro. C'est primordial pour nous de pouvoir travailler avec les archives des maisons, car ce sont les seules à posséder un panel homogène de la production d'une maison de sa création à aujourd'hui. Un musée ne conservera que certaines pièces phares qui ont marqué l'histoire. 




Pour suivre GRIFFE:

La revue de l'étiquette 
Griffé sera disponible en vente à la librairie Bonjour Jacob le 20 octobre ! 
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